Paroles de Mazanais

 

« J'espère que la place sera jolie. J'espère qu'il y aura des arbres. »

 

« Les gens râlent pour des places de parking en moins ; je vais vous dire, moi : on vit dans une société de cul-de-jattes! »

 

« Quand les enfants sortaient de l'école Saint-Dominique, ils aimaient jouer à l'ombre des platanes. »

 

« Mon mari est bûcheron-élagueur ; les arbres, ça nous connaît. Quand ils les ont enlevés, j'en aurais pleuré. »

 

« Un platane, c'est magnifique. Mais savez-vous que le deuxième arbre mythique de Provence est le micocoulier ? Hé hé, je vous apprends quelque chose, pas vrai ? »

 

« Si une branche d'arbre était tombée sur un gamin, le maire, il aurait été enquiquiné tout pareil ; alors, l'un dans l'autre... »

 

« Place à la place ! »

 

« Moi, je suis bien contente qu'elle change, la place ; ce n'était vraiment pas sécure pour les enfants. »

 

 « J'ai hâte de voir ce que ça va devenir. »

 

 « Cette histoire de place, c'est un carnage. »

 

 « J'espère que la place sera ombragée. Qu'est-ce qu'ils imaginent sinon ? Que les gens vont jouer à l'ombre des lavandes ? (éclats de rires). »

 

 « Il paraît que les pierres vont venir du Portugal. Du Portugal ! On parle quand même d'une place provençale, là. »

 

 « On se doute que ça va être très très beau. »

 

 « C'est pas un mal de la refaire. »

 

 « Ca aurait eu de la gueule de déplacer le monument aux morts pour pouvoir installer une scène pour danser. »

 

 « On va pas se mentir : quand ça change, ça fait peur. »

 

 « Moi, je suis née à Mazan. Je suis de Mazan, Mazan, hein. Ma place, je l'aimais comme elle était, mais pas comme elle va être. »

 

 « Quand ils ont coupé les platanes, j'ai eu l'impression que c'est moi qu'on déracinait. »

 

 « Enlever les platanes, ça a été comme balayer la mémoire de notre village . » 

 

 « Avant, la place, c'était frais, il y avait des bancs, de grands arbres. »

 

 « Les gros engins sur la place, ça a sacrément impressionné mes gamins. »

 

 « Je me souviens des commémorations. Celles de l'ancien-temps. Tous les enfants devaient s'y rendre, sinon on était puni. Sur la place, c'était noir de monde. On mettait les habits du dimanche, on avait chacun un petit bouquet de fleurs. Les roulements de tambours des anciens combattants, ça me fichait la frousse. C'était beaucoup d'émotion. »

 

 « Je me souviens. Des ferronniers, de l'odeur de la corne brûlée. Et du bourrelier qui fabriquait ses matelas sur la place. Et puis, de mon frère qui faisait exprès de vioultouler les mamés -les cancanettes- assises en rang d'oignon en passant sans arrêt devant elles avec sa bécane. Ah l'animal ! »

 

 « Il y a un problème de communication au départ. On a manqué d'informations. Exposer mieux le projet eut été judicieux. Mais faut pas s'en faire, on s'adaptera. »

 

 « Il faut se poser les bonnes questions. Les platanes nous manquent, on ne peut pas le nier. Mais qu'est-ce qu'on fait maintenant ?  Faut aller de l'avant. »

 

 « L'histoire des platanes, c'est l'histoire d'un deuil qu'on n'arrive pas à faire. Il faudrait qu'on puisse déballer le sac à cailloux pour pouvoir aller vers du positif. »

 

 « Au-delà des places de parking en moins, ce qui effraie les commerçants, c'est la peur d'un village qui meurt. »

 

  « J'avais gravé mes initiales et celles de mon chéri sur l'écorce d'un platane. »

 

 « Moi, je ne suis pas contre la transformation de la place...mais les platanes, ça m'a arraché le cœur. »

 

 « Pour moi, la place est associée à une performance artistique, celle menée par deux créatrices : une coréenne et une allemande. »

 

 « La définition d'une vraie place provençale, c'est : des platanes, un jeu de boules, une fontaine, un bistrot. Tout ce béton, ça me fait peur. »

 

« Je me souviens du jour où un platane a flambé. Depuis son creux. C'est devenu d'un coup une colonne de feu. »

 

 « C'est...vous savez...l'actrice...Pirate des Caraibes ! Eh bien, elle s'est mariée ici ! »

 

 « Ce dont on aura besoin, c'est d'apprivoiser la place. Se l'approprier pour pouvoir l'adopter. »